jeudi 10 octobre 2013

Ta gueule...!

Recto

Il voulait plus la fermer, sa grande gueule !
Plus je le fixais, plus il me paraissait...dégoûtant.
Il était , à vomir son exposé comme on vomit le monde entier :
avec passion, le sourire aux lèvres, mais l'air con cependant !

- Et c'est ainsi qu'en 1870, les derniers blabliblabluprout !

Je l'écoutais, certes, mais mon esprit, et je lui en suis entièrement reconnaissant, se refusait à retransmettre les fréquences pitoyables que débitait l'autre imbécile. Un mécanisme de survie, certainement. Cela dit, on ne pouvait pas tout empêcher : trouver un lien quelconque entre un coin de table et une tête à claques, le calcul était tout fait. Mais les actes, oh, les actes ! Mieux vaut les garder pour soi. Malgré le poil qui se hérisse, l’œil qui s'assombrit, l'acide qui monte aux lèvres, conserver son calme il le faut. Diantre, mais qu'est-ce qu'il parle !
Ah ! Enfin !

- Madame ? J'ai fini.

Petit merdaillon...
- Madame ?

Binoclard de mes deux, ta mère aurait pu faire attent...


- Madame ?? Je...

Merde !

- Très bien, mon...petit. Petit...Petit...Petit co...euh Christian. Regagnez votre place.
Alors les autres, des questions ? Oui, Clément ?

Verso

Blablabla...Déballe ton texte...Allez, t'as passé la soirée d'hier à te l'encrer dans le crâne, foire pas tout...La prof qui me fixe, putain...Christian, t'es un bon, tu peux le faire, va-y...Sérieux, je crois qu'elle a envie de me tuer...Ah oui les rebellions de 70...y a du monde au balcon ! Est-ce qu'on a le droit, quand on est prof de...conclusion, conclusion !...Belle, mais vache, ouais...Dommage...tada ! Fini !

Bah quoi ? Elle est pas bien ?

Finalement, elle fout trop les jetons pour être belle. Dernier essai et je m'barre.

Ouf ! Sauvé de Satan.

Mon petit ?!

Des questions ? Ah!ah ! Si t'en trouve un qu'a écouté, je promet de lui rouler une pelle !
Oh NON, C
lément, TA GUEULE !!

Meeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeer... !

mardi 8 octobre 2013

Deux arbres entrelacés, des racines aux branches

- Et si on s'était connu deux minutes plus tôt, tu crois que ça aurait changé quelque chose ?
- ...
- Et si t'avais été un gros con ? Ou moi une pauvre débile ?!
- ...
- Mais allez répond ! Tu va voir, c'est drôle rien que d'y penser !
- Bah...Pff... là comme ça, ça ne m'inspire pas grand chose. Mais je dois t'avouer que si t'avais été une pauvre débile, comme tu dis, y aurait eu plus de chances que je te colle mon poing dans la gueule plutôt que mon goûter dans les pattes.
- ...
- Beh quoi ?
- T'aurais collé un pain à une gamine qui chiale, toi ??
- À c't'âge là, tu maraves tout ce qui bouge. Il faut savoir s'imposer, montrer qu'on existe, tout ça...
- À huit ans ?
- Nooon mais c'est d'instiiiinct ! Tu poses les baaaaases.
- Les baaaaases de quoi ?
- De la survie. En milieu hostile.
- La cour de récré ?
- La cour de récré.

Une entendue d'herbe brûlée au soleil,
Le ciel flamboyant mourant peu à peu,
Deux arbres entrelacés, des racines aux branches,
Mais le tronc tiraillé pour que jamais ne se touchent.

- Tu ne m'as toujours pas dit pour Zafina. Est-ce qu'elle va mieux ?
- ...
- Je demande comme ça, en réalité je m'en fous mais...
- Alors arrête. À la longue, ça tourne en perversion, ces trucs-là.
- ...
- ...
- ...
- Elle va...mieux.
- Ah. Désolé.

Deux arbres entrelacés, des racines aux branches,
Mais le tronc tiraillé pour que jamais ne se touchent.
L'hiver qui par endroit, l'un de l'autre libèrent
Les morsures du froid n'épargnant que les morts.

- On devrait y aller, les premières neiges ne sont pas loin. ; Rimes !
- Va y en premier...dans quelques secondes je te rejoins.

Malgré les peines et douleurs de ceux qu'emporte le deuil
Le vent ne cesse d'échapper la douceur du rire des enfants.